1974
Un autodictate pas comme les autres
Ils
sont encore assez nombreux les inspecteurs radio du Ministère qui, comme
Thomas
Foucault, ont fait leurs débuts dans
la carrière radio il y a plus de trente ans.
Les problèmes techniques rencontrés tout au long de cette vie professionnelle sont sans doute
universels, communs à tous les
inspecteurs radio. Mais la petite histoire de chacun d'eux - celle qui donne la nostalgie du métier - peu de gens la connaissent. Et pourtant elle a
son charme ...
Il n'y avait pas de cours préparatoire pour les inspecteurs radio de la
trempe de Thomas Foucault, à l'aube
d'une carrière bien remplie. Selon lui,
dans les années 40, on devenait inspecteur
un peu comme on devient accordeur
de pianos: le flair et le doigté étaient au
premier ce que l'oreille et le solfège
sont au second. "Des instruments
de précision? Vous voulez rire! Nous ne
pouvions compter que sur un simple
récepteur placé dans une voiture munie
d'une antenne plus ou moins
directionnelle".
Un jour, en
cours d'inspection, il raconte qu'il s'est vu offrir les faveurs de l'épouse
d'un titulaire de licence radio en paiement
de la taxe que ce dernier refusait toujours de régler. "Les inspecteurs
connaissaient les tactiques de cette femme
qui aurait pu placer de fidèles représentants de Sa Majesté dans des situations
très délicates."
"C'est pourquoi nous étions toujours
accompagnés d'un collègue lorsque nous devions accomplir notre tâche dans le
coin". Il a souvent été
témoin d'expériences assez cocasses.
Ainsi, dans une lettre adressée au
Ministre, une vieille dame se plaignait qu'on l'espionnait au moyen de son
récepteur et ce, toujours le soir,
vers 7h. L'inspecteur Foucault a donc
été dépêché sur les lieux dans l'espoir de repérer des sources de brouillage.
Or, après enquête, il a dû
expliquer au Ministre qu'il n'y avait aucun brouillage et que les "espions" de
l'octogénaire étaient tout simplement des
personnes enrhumées qui participaient
à la récitation du chapelet radiodiffusé depuis l'archevêché...
Hier
et aujourd'hui |
Le travail de l'inspecteur ne se limitait pas à la détection de sources de
brouillage. Il devait, entre autres, inspecter les stations de radio sur les
navires et à bord d'aéronefs, les stations de radioamateur, etc., en plus
de vérifier les permis de détention de récepteurs radio que les citoyens
devaient se procurer aux bureaux de poste locaux en vertu des règles
régissant les communications de
l'époque.
Si on demande à Thomas Foucault ce qui l'a le plus
impressionné au cours de ses 34 années au
service des communications, il répond
sans hésiter que c'est la diversité et la multiplicité des méthodes de transmission. "A mes débuts, si une personne connaissait la méthode d'opération d'un poste radiotélégraphique, il pouvait facilement
comprendre les autres techniques connexes.
Il n'y a qu'à comparer ces
laboratoires ambulants
de contrôle et d'analyse du spectre électromagnétique du Centre
de contrôle des émissions avec nos
anciennes voitures munies d'un simple
poste de radio et d'une antenne directionnelle pour
se rendre compte de l'évolution fantastique
vécue ces derniers 20 ans.
Aujourd'hui, nous travaillons par équipes formées de techniciens hautement spécialisés alors qu'à mes débuts une personne seule, devant connaître toutes les facettes
des télécommunications, agissait plutôt comme hommeorchestre
avec un minimum de préparation
théorique".
"Autrefois, dit-il, nous disposions
d'un grand nombre de fréquences, ce qui rendait
relativement facile l'exploitation des
bandes
VHF
pour les communications mobiles terrestres".
Cependant, le taux de croissance dans les
centres urbains comme Montréal,
Québec, Trois-Rivières et Sherbrooke
a augmenté très rapidement,
d'environ 10 à 15 p. cent
annuellement. "Il nous a donc fallu
améliorer nos techniques de sélection de fréquences et utiliser des appareils
beaucoup plus sophistiqués étant donné que
les systèmes de télécommunications se
rapprochaient de plus en plus". Il y a maintenant plus de 30,000 stations radio entassées
dans un rayon de 27 milles dans la
seule ville de Montréal.
Agé de 52 ans, Monsieur Foucault n'hésiterait pas à
recommencer.
Il y a cinq ans, il pensait bien prendre
sa retraite à 55 ans mais plus il en
approche, moins il y songe. "Les télécommunications ont été toute ma vie et la
plus grande satisfaction que j'en ai retirée a sûrement été d'aider les gens à
solutionner leurs problèmes
de communications".
Cependant, il retournera probablement
à ses anciennes amours:
la radio amateur. Elle lui permettra de le maintenir dans son domaine
d'activité et de communiquer avec les gens du milieu.
1974
Radio inspection
ain't what it used to be
Thirty years. Communications have changed a lot in
three decades, and Tom
Foucault, of the Quebec regional office,
has seen most of the changes. Foucault's career, first as a radio inspector, now as operations manager
for the region, has spanned a revolution in communications.
The old days of radio inspection are full of nostalgia for
Foucault. Little is done now the way it was
then. In the 1940s, you became a
radio inspector about the way you
became a piano tuner. There were no preparatory
courses, and no sophisticated
monitoring equipment. Just an old
sedan with an odd-looking directional
antenna mounted on the roof. Without transistors and modern electronics, one had to develop
a certain feel for the job that sometimes strayed far from the normal call of duty.
Like the day
Foucault had to politely but firmly turn down the favours of the wife of a radio operator who had offered herself in
return for settling a delinquent licence payment. Knowing her tactics, and how her propositions could place a loyal civil servant in a somewhat delicate situation,
inspectors from then on travelled in twos when making that particular round.
Inspectors had to react to some
strange situations in those days. An elderly lady once wrote to the Minister
complaining that someone was spying on her through the radio. "It happens each evening at 7," she told Foucault when he had been sent to investigate the source of the trouble.
It turned out that no one was
spying, of course, nor was there even any outside interference. It was merely
the faint background sounds of coughing from the congregation at a church
service broadcast live each day at that time.
Yesterday
and today |
The work of an
inspector was more involved than pinpointing sources of interference, however. Foucault travelled
to inspect radios on board ship and on aircraft, broadcast transmitters
of all shapes and sizes, and
amateur rigs, as well as certifying
radio licences - which at one time
had to be obtained from post offices, even for ordinary AM receivers.
When
Tom Foucault is asked what, in his
34 years of service, has impressed him most, his answer is invariably, the incredible
increase and diversity in methods of
transmission over the years. "When I
began, if a person could operate a
radio telegraph,
he could easily understand the other techniques then available.
"Now, this has all changed.
One only has to compare the sophisticated mobile monitoring facilities of
today and the relatively primitive radio device we had with its more-or-less
directional antenna mounted on an ordinary automobile, to comprehend the fantastic
evolution that has taken place in the last few decades.
"Now,
we travel in teams of highly specialized technicians, while in the beginning, one person
travelling alone had to have a knowledge of
all facets of communications, acting
almost as a one-man orchestra - and
all with very little theoretical experience.
"In
the old days, we had a wide choice of frequencies, and using VHF for land
mobile communications was easy.
However, the rate of increase of use
in the large urban centres such as
Montreal,
Québec, Trois-Rivières
and Sherbrooke,
has
been extremely rapid - about 10-15 per cent annually. We have
had to improve our techniques of frequency selection and to use much more sophisticated
equipment - especially since the various communications systems are becoming more congested." Currently, there are more than 30,000 radio stations within a 27-mile
radius of Montreal.
For a
man who has lived his life in communications,
Foucault has no regrets. At one
time, he looked forward
to retiring but, at 52, he is less eager to
think of it. "I continue to get a
great deal of satisfaction from solving
problems in communications." It's a
far cry from the notebook and pencil of the 1940s to the computer. |